Dictionnaire des idées et notions en religion (Collection Universalis 2012)

 

Principaux mouvements protestants

 

Calvinisme

Calvin (1509-1564) : théocentrisme : tout vient de Dieu, il ne peut être connu que par le Christ et la Bible dont on tire les préceptes moraux que les fidèles doivent mettre en pratique. Rien de ce qui arrive ne se produit sans que Dieu ne l’ait voulu. Les hommes sont tombés dans le péché (Adam) et méritent la damnation (ils sont incapables de faire le bien). Double prédestination : Dieu a décidé de toute éternité que tous seraient condamnés et certains seulement seraient sauvés – grâce au sacrifice du Christ et sans que leurs mérites éventuels interviennent dans cette décision. Inspiré de Saint Augustin (entre autres) : pas d’œuvres méritoires – seul Dieu offre le salut (pour les Calvinistes Dieu « veut » la damnation des hommes, pour les Luthériens, Dieu la « permet »). Deux sacrements : le baptême et la cène. Eucharistie : une présence symbolique ou spirituelle (mais non physique) dans le pain et le vin. L’Eglise est le lieu ou est prêchée la parole de Dieu, avec des ministères et un clergé très structuré encadrant les fidèles et organisant le respect d’une discipline ecclésiastique : la morale y est privilégiée.  Le poids de l’Eglise locale est équilibré par les synodes (assemblées au niveau provincial ou national) contrairement au baptisme. Le Calvinisme dispose d’Eglises nationales (e.g. église reformée en France, huguenot) dotée de textes nationaux. Il exerce une influence importante sur l’anglicanisme, le puritanisme et le méthodisme. Eglises reformées et presbytériennes (anciennes) s’en inspirent (dans toutefois adhérées a la double prédestination).

 

Anglicanisme

0.8% de la population à Fiji. Mouvement protestant national en Angleterre (après 1530) proposant une réforme modérée, une voie moyenne entre protestantisme et catholicisme médiéval. L’archevêque de Cantorbéry reforme le mouvement en 1550 (doctrine protestante du salut, interdiction de l’eucharistie, primordialité de la liturgie). Mis au service de la politique pour promouvoir l’union nationale sous Elisabeth 1er (syncrétisme religieux et volonté d’intégrer catholiques, luthériens, calvinistes etc.). Tensions croissantes après 1570 au sein de l’église anglicane : les puritains (souvent presbytériens) souhaitent un protestantisme plus radical et rejettent les concessions faites aux catholiques.  Victoire des puritains après deux guerres civiles (1640 et 1650). Dix ans plus, la Restauration : la participation des Puritains à l’église anglicane devient impossible (ils quittent le pays, notamment pour les Etats-Unis, May Flower etc.). La colonisation répand l’anglicanisme qui est alors influencé par un protestantisme évangélique (fin 18eme) puis un renouveau « anglo-catholique » au 19eme.

 

Puritanisme

Réaction à l’anglicanisme qui proposait une voie moyenne entre protestantisme et catholicisme. Enraciné dans le calvinisme : retour à l’autorité de l’Ecriture pour régler la vie quotidienne sous tous ses aspects (professionnel, conjugal, social, politique). Prône une purification des pratiques chrétiennes et élimination des survivances « papistes » : simplification des sacrements, plus d’apparat vestimentaire, respect du dimanche, prédication. La majeure partie est presbytérienne et reconnaît la légitimé d’organisations supra-locales – même si la communauté locale reste au cœur du système. Emigration vers l’Amérique du Nord à partir de 1620 : ils se considèrent élus de Dieu et considèrent les colonies comme la terre promise. Etat puritain au Massachusetts : les « saints » détiennent droits politiques et religieux, « chasse aux sorcières », mode de vie rigoriste. Les déviances (les baptistes – qui militent pour plus de liberté religieuse, les quakers – qui prônent une expérience directe de Dieu et récusent l’idée de clergé) sont combattues. L’Etat puritain disparaît au 18eme mais l’esprit puritain continuera d’imprégner la société américaine. Les puritains soutiennent la prédestination (Calviniste) et l’importance de la conversion personnelle : modèle de société fondé sur l’alliance entre Dieu et son peuple.

 

Baptisme

Principale branche du protestantisme aux Etats-Unis (0.2% de la population à Fiji). 125- millions de fidèles (50 millions de baptisés). Théologie d’inspiration calviniste : peu de rites pour communiquer avec Dieu ; chaque assemblée Baptiste – communauté de croyants – est autonome (pas d’église centralisée); pratique du baptême par immersion (et témoignage public des baptisés) et centralité du choix personnel. Né vers 1608 autour du prédicateur anglais John Smyth (à Amsterdam) d’un mélange de l’anabaptisme (prône le baptême a l’âge adulte, pasteur élu, séparation du monde religieux et politique) et du « non-conformisme » anglais (non interférence de l’Etat dans les affaires religieuses) : séparation de l’église et de l’Etat, engagement professant de ses membres, congrégationalisme, pratique démocratique (pasteur élu), liberté de conscience et de culte (source d’inspiration de la Constitution des Etats-Unis). Tournant missionnaire au XVIIIème  (Fuller, Carey) : responsabilité de l’Eglise dans l’accès au salut de païens (opposé au calvinisme qui privilégie la prédestination). Beaucoup d’évangélistes se réclament du baptisme (Billy Graham). Très diverse et populaire aujourd’hui (du libéral Harvey Cox au fondateur Ku Klux Klan) avec parfois tendances au populisme (communautés locales sans contrepoids supra-locaux) et excès de pouvoir (entrepreneurs prophétiques)

 

Méthodisme

Le plus important mouvement à Fiji (36% de la population) et Tonga (53% de la population), 15% à Samoa. Courant dissident de l’anglicanisme du 18eme. John Wesley  (1703-1791) : lecture assidue de la Bible, mode de vie stricte, proche des règles monastiques. Les méthodistes veulent évangéliser les populations en dehors des Eglises, lors de grands rassemblement, sur les lieux de travail etc. (influence de Whitefield). Importance de la conversion personnelle, expérience fondatrice, nécessité de manifester sa régénérescence par des œuvres qui sanctifient celui qui les accomplit (l’éveil à la vrai foi « awakening » du 18eme, Wesley : la foi est incomplète sans les œuvres). Plusieurs courants existent (Whitefield notamment) qui s’opposent sur certains points de doctrine. Wesley récuse la prédestination et pense que toute l’humanité peut accéder au salut par la foi. Il respecte la hiérarchie dans le domaine du gouvernement de l’Eglise, avec toutefois une valorisation de la communauté locale. La paroisse est composée de classes qui réunissent 12-15 personnes, regroupées en districts et visitées par des prédicateurs itinérants. L’importance des œuvres charitables se traduit par la création d’institution de bienfaisance. La morale est inspirée d’un puritanisme stricte (dimanche chômé, jurons blasphèmes interdits, le rire est jugé dangereux, l’alcool est interdit ainsi que les habits couteux, le luxes, les mauvais livres, les chansons immorales). Manifestation importante de la spiritualité méthodiste : le chant (cantiques de Wesley et apports des negro spirituals).

 

Evangélisme

Quelques 500 millions de fidèles, des milliers d’églises et sectes en réaction aux églises d’encadrement de masse (catholique, luthérienne ou reformée) Renvoie à une tendance du protestantisme (bien que tous les chrétiens soient évangéliques). Trois sources : réforme radicale du 16eme (anabaptisme et spiritualisme, l’église comme association de converti, fraternité fondé sur le choix de la conversion) ; puritanisme britannique (orthodoxie biblique et contrôle social) ; piétisme germanique du 17eme (la nouvelle naissance suite a la conversion). Quatre éléments majeures aujourd’hui : le biblicisme (privilégie le sens manifeste du texte biblique, peu d’interprétation), le crucicentrisme (Jésus – sur la croix – rend possible le salut des hommes, voir Mel Gibson « The Passion of the Christ »), la conversion (réorientation radicale de l’existence suite à l’expérience religieuse – brutale ou progressive) et l’activisme (missionnaire et propagandiste auprès des incrédules). L’évangélisme maintient la nécessité d’un credo (comme les catholiques) et la fonction régulatrice de Dieu pour la société : une foi fortement normative, parfois proche de l’intégrisme ou du sectarisme. L’humain, dont l’autonomie de choix est reconnue, ne peut être complet sans hétéronomie (une norme transcendante, connaissable par la Bible). Les fondamentaux de la foi ne sont pas négociables (e.g. Salut, Revelation). Le doute n’est pas valorisé : un discourt sans concessions qui vise à la rectitudes des comportements. Se traduit socialement par l’évangélisation et par nombre d’initiatives caritatives.

 

Pentecôtisme

Près de 300 millions de personnes pour une multitude d’églises de tailles diverses (Assemblées de Dieu 4% de la population à Fiji, 6.6% à Samoa-, Eglise de Dieu, Eglise Apostolique0,3% de la population a Fiji- etc.). Né au Etats-Unis vers 1900 des « réveils religieux », fondé par Charles Parthan (méthodiste), William Seymour et Charles Mason (baptiste). De filiation protestante, le pentecôtisme s’est développé en Amérique du Nord et en Europe (parmi la population tsigane en France notamment), puis en Afrique et Amérique latine. Quatre éléments principaux : conversion individuelle (tradition protestante) ; vie personnelle réellement transformée ; dons spirituels (mentionnés dans la Bible – glossalie ou don des langues) ; prosélytisme (recherche de nouveaux adeptes par mise en scène de la puissance divine – caractère enflammé des prédicateurs, télévangélistes, guérisons-délivrance, lutte contre les démons, témoignage individuel de vie transformée). Christianisme émotionnel soulignant l’immédiateté de l’action divine. Le pentecôtismes est apte à se couler dans des cultures très différentes et partage des affinités avec les cultures sensibles au monde des esprits. Intégration personnelle forte dans un groupe de référence et construction d’une nouvelle identité/appartenance avec, parfois, manipulation des personnes. Moralisation des comportements après la conversion, favorisation de l’ascension sociale (notamment pour les classes moyennes) pour les plus méritants. Engagement politique important en Amérique du Sud.

 

Adventisme

Mouvement protestant « qui attend le retour du Christ ». Environ 18 million de membres, un système d’éducation (120 universités et 8000 écoles), un système de santé et ADRA, une agence de développement. L’église adventiste du septième jour en est la plus grande dénomination : ils représentent 2.9% de la population à Fiji, 3,5% à Samoa. Il prend ses sources dans la reforme luthérienne, le baptisme, le piétisme et le méthodisme. Il débute au 19eme dans le contexte du second grand réveil au Etats-Unis ; conduit par le prédicateur baptiste William Miller. L’église adventiste s’internationalise au début du 20eme, avec 270 missions à travers le monde en 1930. Le septième jour désigne le sabbat (samedi) est considéré comme le jour de repos. Le mouvement est attaché au principe de liberté de conscience, respect de l’ordre public, de la dignité de la personne, de la séparation de l’Eglise et de l’Etat et du dialogue interreligieux. Infaillibilité de la Bible, salut par la grâce de Dieu, baptême par immersion (principe anabaptiste du baptême volontaire et conscient à l’âge adulte), mort expiatoire du Christ, doctrine de la seconde mort (au retour du Christ, les perdus périront Pendant 1000 ans les sauvés consulteront les livres de vie des perdus qui ressusciterons pour le jugement final. S’ils sont condamnés une seconde fois, ce sera la mort définitive. Satan et le Mal seront détruit aussi). C’est un mouvement prophétique amené à annoncer le retour du Christ et le jour du jugement dernier (ses membres en revanche ne seront pas les seuls à être sauvés). (Source : wikipedia)

 

Témoins de Jéhovah

Mouvement Chrétien rattaché au protestantisme adventiste par l’importance accordée à la Bible et au baptême volontaire. Créé au Etats-Unis en 1870 par Charles Russell (influencé par l’Adventisme). Quelques 8 million de membres actifs (0.8% de la population à Fiji). Leur théologie est dirigée par un collège d’Ancien établi à Brooklyn, New York. Les témoins considèrent « leur traduction » de la Bible comme Parole de Dieu et croient à l’intervention imminente de Dieu dans les affaires humaines (et ont proposé plusieurs dates pour la fin du monde 1914,1918,1925,1975). Ils ont pour objectif l’établissement du royaume de Dieu sur Terre. Restaurationnistes, ils pensent que Dieu a restauré le véritable christianisme par leur intermédiaire. Très critique envers les autres religions (la croix est un symbole païen), ils se veulent politiquement neutre, refusent le service militaire, les transfusions sanguines, la consommation de tabac et ne fêtent pas Noel ou la Pâques. Ils ne croient pas à l’immortalité de l’âme : rien ne survit âpres la mort. Seuls les membres de l’organisation sont rachetés par le sacrifice du Christ. La prédication – prosélytisme – et la proclamation de la « bonne nouvelle », par le porte-à-porte, est une œuvre de salut. Accusée de dérive sectaire – et considérée comme secte dans certains pays- l’organisation exerce un contrôle très strict sur ses membres et sur leurs vies privées. Encouragés à se tenir séparés du monde, les témoins craignent d’autant plus l’excommunication qui devient un moyen efficace de contrôle des membres. Ils sont régulièrement poursuivis en justice pour des affaires de pédophilie, d’éducation ostracisantes des enfants ou pour des questions fiscales. (Source : wikipedia)

 

Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours

Ce sont les Mormons, nom tiré du Livre de Mormon (histoire du prophète Mormon, chef militaire qui aurait vécu aux Etats-Unis vers 350 après J.C.). 13 millions de membres (0.4% de la population a Fiji, 14% à Tonga, 12% à Samoa). Crée au Etats-Unis en 1830, le siège est en Utah (Temple Square). L’église est dirigée par un Président (prophète) et un collège de 12 apôtres. Jésus-Christ est la figure centrale de leur croyance. Jésus ayant ressuscité, la croix n’est pas utilisée comme symbole – un ange soufflant dans une trompette orne de nombreux temples. Ils pensent que l’Eglise primitive a été rétablie par Joseph Smith vers 1840 (après 1800 ans d’errance et de pertes). Polygamie jusqu’en 1889 – (les mormons américains d’aujourd’hui qui pratiquent encore la polygamie ne sont pas reconnu par l’église des saints des derniers jours). La théologie du mormonisme est appelée Evangile de Jésus-Christ, fondée sur les saintes écritures et la révélation moderne par les prophètes (actuellement Thomas Monson, 16eme président de l’église). La foi, la repentance, le baptême, l’obéissance aux commandements sont nécessaires au salut. La saint-cène a lieu chaque dimanche. Sabbat, dime, chasteté, jeune, travail, s’abstenir du tabac, de l’alcool, du thé et café permettent de se perfectionner dans les vertus chrétiennes. Les mariages au temple le sont pour l’éternité (et contribue à « l’exaltation » – le retour au royaume des cieux). La généalogie est importante : elle permet de retracer l’ascendance des mormons d’enseigner l’évangile aux morts dans le monde des esprits (sacrement de baptême, ou mariage etc.) sont accomplis par procuration. Ils disposent de fondations caritatives, de services à la collectivité « mains serviables » (nettoyage des lieux publics, assistance aux familles missionnaires…). Parfois perçu comme homophobe et critiqué pour réserver aux femmes une responsabilité uniquement familiale, l’église soutient le créationnisme et condamne la théorie de l’évolution. (Source : wikipedia)

 

Mouvement Non Protestant

 

Les maristes

Congrégation cléricale, catholique (Eglise romaine), fondée en 1836 par Jean Claude Marie Colin (Lyon, France). Frères, Sœurs et Pères maristes se considèrent comme appartenant à la même famille (même si Rome refuse de reconnaître une congrégation à plusieurs branches) mais travaillent ensemble en Oceanie (ils sont environ 20 à Fiji, essentiellement des Pères et une couvent à  Suva). Tous mettent Marie, la Reine des Apôtres, au centre de leur croyance et de leurs actions. Pas de culte particulier ou pratiques spécifiques. Son objet est d’accroitre la gloire de dieu et l’honneur de Marie (sans pour autant vénérer Marie), de propager l’église romaine par l’apostolat (le ministère d’un apôtre pour la propagation de la foi, la prédication) : retraites, éducation des enfants. Ils sont très présents en Oceanie (1836) en Australie dès 1877, la sainte Eglise de Rome ayant nommé deux congrégations pour promouvoir la bonne parole dans la Pacific (dont « the Society of Marie » pour la Mélanésie, Micronésie, Fiji, Samoa, Tonga…). Ce fut leur première mission hors de France. Ethique et solidarités (internes et externes), force du travail en équipe et contribution sociale. Beaucoup d’éducateurs maristes sont laïques et rémunérés.  Ils tentent d’imiter Marie dans la vie quotidienne, de vivre l’évangile dans l’humilité, modestie, simplicité. Respect pour les personnes,ne pas juger mais tendre la main