Au Fondement des Sociétés Humaines – Maurice Godelier – 2007

Dès l’origine, l’anthropologie s’est développé de facon contradictoire, mêlant pratique rationnelles et idéologies.

Depuis 1989, on assiste a deux mouvements inverses qui reconfigurent le monde global: un mouvement d’integration et de mondialisation des activités éeconomique et un mouvement de segmentation politique et culturelle qui donnent naissance a de nouveaux états qui doivent alors se transformer en nations (en redecouvrant et reinventant des traditions locales)

L’identité d’un groupe est toujours le produit d’une histoire particulière, une contruction historique, toujours plurielle et ouverte sur des emprunts possibles. Il n’existe pas d’essence éternelle de tel peuple.

On connait l’argument des groupes humains qui mènent des luttes identitaires: seules les femmes peuvent comprendrent les femmes et en parler, seules les femmes noires peuvent comprendres les femmes noires et en parler. Si personne ne peut comprendre les autres et être compris d’eux, comment esperer changes les rapports que lui font subir ces autres? Ce serait un deni des sciences sociales (et une impasse dans la pratique)

Qu’est ce qui fait la différence entre une socièté et un communauté? C’est seulement quand les rapports sociaux politico-religieux servent a définir et à légitimer la souveraineté de groupes humains sur un territoire (qu’ils pourront exploiter séparement ou collectivement) qu’ils ont la capacité de faire de ces groupes une société.

Egypte antique: Les paysans – comme tout être humain – se trouvaient endettés vis-a-vis du pharaon qui leur avait donné le souffle de vie, mais ils lui devaient aussi de voir revenir chaque année l’eau du Nil. Ces cette dettes qui donnait sens et legitimité aux obligations des paysans a payer l’impot.

Si les individus qui ont élaboré les mythologies en Afrique, Asie, Océanie…nous resteront a jamais inconnus, ce n’est pas le cas de Boudha, du Christ ou de Mohamet qui ont rompu avec l’indouisme, la tradition juive et religion bédouine pré-islamique, tous puisant abondamment dans les traditions religieuses avec lesquels ils rompaient.

Deontoligie: être conscient des conséquences que la publication des ses recherches pourrait avoir.

Comprendre les croyances des autres sans être obligé de les partager, les respecter sans s’interdire de la critiquer, et reconnaitre que chez les autres et grace aux autres on peut mieux se connaitre soit même: tel est le noyau scientifique, ethique et politique de l’anthropologie.

Marcel Mauss – 1921- dessine un programme social-democrate qui apporte a ceux qui travaille une aide materielle et une protection sociale que ne permet pas le salaire. Et il demande aux riches de montrer une solidarités “interessée” (que pratique les chefs mélanesiens notamment) car il considerait aprês plusieur siècle de christianisme que la charité était encore blessante pour celui qui l’accepte.

Des choses que l’on donne, des choses que l’on vend, des choses qu’il ne faut ni donner, ni vendre mais qu’on peut transmettre

Le don produit deux choses à la fois: il rapproche autant qu’il met a distance les deux parties. Le don comprend trois obligations: celle de donner, celle d’acepter le don et celle de donner a son tour. Les croyances des Maori en l’existence d’un esprit présent dans la chose qu’on donne, esprit qui pousse celui a qui l’on donne à rendre la chose donnée – ou une chose equivalente. Levi Strauss pensait que Mauss s’etaient laissé mystifier par une idéologie indigène. A lire Maus, l’objet serait habité non par un esprit mais par deux : par l’esprit de celui qui a possédé l’objet en premier lieu et l’a donné, et par l’esprit/l’ame de la chose elle-meme.

Mauss ne s’interesse pas a toutes les formes de dons. Ils privilegient les “prestations totales” qui engagent des groupes ou des personnes en tant que celle-ci representent ces groupes.

Les contredons n’annulent pas les dettes mais créent d’autres dettes qui viennent équilibrer et non annuler les premières. Les dettes ne s’annulent jamais d’un coup mais elles s’eteignent au fil du temps. Les dons-contredons aboutissent finalement a une redistribution des ressources dont disposent les groupes qui composent la société.

J’en suis venu a me convaincre que ces sociétés n’étaient pas fondées sur la parenté, thèse trés repandue de Morgan. Pour Marx, ce sont les rapports econonomiques qui lient les individus. Ni l’une ni l’autre ne saurait etre la base sur laquelle la société se forme car ils ne sont pas suffisant et ne cree pas un lien entre tous les individus et les groupes qui composent la société. C’est le rapport au territoire, s’ajoutant a la langue et aux principes communs d’organisation de la vie sociale, qui forme un tout global qui englobe et depasse les liens de parenté et relations économiques. En d’autres termes, on revendique en priorité pour soi l’appropriation d’une portion de la nature ( sur les êtres qui la peuples, les animaux, végétaux, les êtres humains et leurs morts, les esprits et les dieux qui peuvent y resider)

pour resumer, une ethnie est une communauté, une tribu est une société.

Chey les Baruya, lorsque l’on construit la Tsimia (maison commune cérémonielle), les pères des nouveaux initiés apportent chacun on long poteau qui represente leur fils. Chacun des poteaux est vu comme un os du sequelette de la maison. Le poteau central est le symbole de l’ancetre de la tribu qui a le premier recu sa puissance du soleil. Le toit de chaume, confectionné par les femmes, est la peau de la maison, symbole du coprs des Baruyas.

Pour finir, un point théorique essentielle: la parenté ne génère jamais autre chose que de la parenté. Elles ne génèrent jamais un système politico-religieux global. Non pas que les systèmes de parenté n’évolue pas: ils ne sont simplement pas a l’origine des changements gloabux, en profondeur des sociétés.

Thatcher: There is no such a thing as a society. Elle conduisit son pays sur la route du libéralisme avec pour objectif l’intégration à l’economie mondiale. L’humanité ne se contente pas de vivre en société, comme d’autres animaux sociaux, elle produit de la société pour vivre. Ce n’est pas seulement s’adapter au marché – tout simplement pour cette raison que “not everything is for sale”.

Il faut toujours plus qu’un homme et une femme pour faire un enfant (il faut une intervention divine…).

Chez les inuits, les noms sont des ames: l’ame-nom donnée a un enfant fait passer en lui les identités de tous ceux qui ont porté ce nom avant lui. Chez les Baruya, le sperme de l’homme produit les os, la chair et le sang, puis le foetus se developpe dans le ventre de la mère qui n’apporte rien a l’enfant. Le foetus dans le ventre de la mère n’a de bouche, pas de nez…il est incomplet et c’est le soleil, père des Baruya, qui completera le corps du foetus. Son ame viendra avec son nom, qui sera celui d’un ancêtre. A la difference de ce qui se passe chey les Inuit, l’enfant n’aura aucune mémoire du passé de son ancêtre. Pour les Tobrianais, tous les enfants sont des morts reincarnés, mais ils ne gardent pas de souvenirs de la vie de leur ancêtre. Chey les Na (yunan, chine), le foetus est deja present dans le ventre de la mère, depose la par une divinité, et n’attend que le sperme de l’homme pour l’aroser (comme la pluie fait pousser l’herbe). C’est la divité qui nourrit le foetus pendant la grossesse. Chez les Telefolmin de Mouvelle Guinée, le sperme forme la chair et le sang des enfants, le sang menstruel des femmes, les os. A Tonga, c’est du sang de la femme qu’est faite la matière du foetus, et c’est la puissance fecondante du Tui Tonga (dieu) qui fait l’enfant – l’homme s’efface (le rang dans la société est transmis par la femme).

N’est ce pas au nom du role primordial de l’homme dans la procréation que les femmes Baruya sont exclues de la propriété de la terre, de l’usage des armes, de l’acces aux divinités. Il s’agit de faits sociaux aux consequences réelles. Il y a une surdévalorisation du sang menstruelle (qui rend la terre sterile, transforme le sel en eau, fait perdre la guerre…) et les femmes sont convaincues de porter en elles une menace dirigée contre les hommes, contre l’ordre sociale et cosmique (les initiations des hommes sont destinés a rallentir le mouvement de l’univers vers le chaos). Le sperme est pensé comme source de vie, comme force et nourriture. Que le garcon ne soit pas initié, aucune fille ne l’epousera. Le boucle est bouclée, les hommes ne puisent pas leur supérieurité dans la violence exercée sur les femmes mais dans le partage des même croyances, des representations de la vie, du corps, de l’ordre cosmique.

Les initiations permettent aux chamanes de deviner, avec l’ aide des esprits, ceux des initiés qui allaient devenir grand pretres, guerriers etc. les êtres d’ exception sur lesquels la société pourra compter. La reproduction hierarchique entre les clans qui assuraient les fonctions rituelles et detenaient les objets sacrés et les formules secrètes.

Les craintes de voir s’effacer les frontières entre sociétés et états, et se diluer les identités de leur membres n’ont, sociologiquement, aucun fondement. D’ou l’importance d’analyser les rapports politiques et religieux…

La séparation du politique et du religieux est un phenomène recent dans l’histoire et qui n’est pas pensable ou acceptable pour beaucoup de société. Grace au mythes et legendes qui donne une explication de l’origine de l’univers, les religions offrent un fondement cosmique a un ordre social. Et les rites permettent d’associer a la force des hommes, les forces superieures de l’univers.

A Tikopia, ce ne sont pas les rapports economiques qui ont engendré les castes, c’est l’organisation politique et religieuse de la société qui ont fourni aux activités economique leurs dimensions sociales et religieuses.

Trois points essentiels: le role fondateur des rapports politico-religieux dans l’institutions des sociétés, la place subordonnée des rapports economiques dont le role grandit avec l’apparition des castes et des clans, l’importance de l’imaginaire dans la production des rapports sociaux.